Le bruxisme était à son paroxisme. Il déclenchait des réveils nocturnes ainsi que des douleurs lancinantes dans la nuque. Les trapèzes souffraient, se contractaient, se raidissaient. La souffrance gagnait du terrain. Au petit matin, Morphée se présentait à moi et dérobait mon attention. Les maux de tête persistaient, résistaient, avaient une endurance sans égale. Ils suivaient en bons marathoniens, les aiguilles de la pendule. Impossible d’arrêter le temps ? Et oui, la douleur était telle que je pensais littéralement perdre la tête, ma tête, au sens propre, comme au figuré.
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La voix joyeuse de la Présidente sortait du combiné toute déformée, tant la ligne crépitait. Il y avait de la “friture”. C’était somme toute normal, et reflétait parfaitement mon positionnement de sardine, dans le RER de la ligne A. La ligne téléphonique avait été coupée nette. Je n’avais pu que capturer “Dasein” “Népal”. Le transilien avait fini par redémarrer. Je me demandais ce qu’Heiddeger avait à faire avec le Népal ??? Je replongeais dans mes pensées, à la fois proche et loin du bonheur d’être ici : ” ‘Le bonheur nous hante, comme un beau souvenir ou un rêve, comme une perte et une promesse’. (`Michael Edwards).
Je m’étais clairement fait mon cinéma. Evidemment, il ne s’agissait pas du “Dasein” mais de la célèbre fête népalaise “Dashain” ou “Dasain”… Une quinzaine folle au Népal où tout s’arrête pour célébrer la déesse Durga. Les familles se retrouvent, se font des cadeaux. Les népalais font des offrandes, tranchent la tête, avec une machette, des animaux vivants… Pauvres buffles, coqs, chèvres sacrifiés pour la déesse Durga.
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Durant cette fête, les cerfs volants les plus beaux se déploient dans le ciel de Katmandu.
Les enfants et les jeunes s’amusent sur les balançoires en bambou :
Il était donc normal de n’avoir pu joindre les deux correspondants de SEA Nepal, Rajendra et Pratikcha, depuis plus d’une semaine.
Un vent d’insouciance, de légèreté soufflait sur le Népal. Les enfants se seront faits des amis !
Pour célébrer la déesse Durga, mes yeux se perdaient dans le ciel parisien, en ce dimanche glacial. Les cheminées s’activaient. Je dégustais un thé népalais de chez Mariage Frères. Le “Saphir Himalaya” thé bleu et précieux porte bien son nom. Il a la saveur exquise d’un darjeeling.