Bleu Piscine – Google Earth

Vues du ciel

Il paraît que les piscines sont les points qui se repèrent le plus facilement depuis  Google Earth. Je ne parlerai pas de surveillance, de permis de construire pour ces piscines, qui fait de Google Earth un outil particulièrement utile et intrusif !

Non, ce sont les piscines bleues que j’ai croisées dans mes voyages réels ou imaginaires que je recherche, sur Google Earth.

Ces images appartiennent à tout le monde et font partie en parallèle de notre géographie intime. C’est un peu le paradoxe de Google Earth.

Tous ces lieux sont photographiés dans un temps, à un moment où je n’y étais peut-être pas allée encore. Les plages géographiques s’y succèdent de manière parfois incongrues ; nous passons d’une tranche photographiée en été à une prise en hiver…

Est ce que la photo de la piscine que je vais trouver, est postérieure, antérieure à mon passage ?

Comme j’aime les contrées isolées, le bout du monde, je me transporte via Google Earth là où j’aimerais me rendre, là où je me suis rendue, dans les piscines où j’ai nagé, dans les lieux où j’ai aimé,  pour en découvrir ou redécouvrir les côtes, les reliefs ou des détails.

L’idée de tour du monde me transporte comme un aller-simple ! J’aime penser aux pérégrinations, aux voies imprévues, au bout du monde, à l’autre côté de la terre.

Peu importe la grande boucle, d’où on vient & où ces détours mènent, c’est la manière singulière & personnelle de se rendre, la façon dont le voyage se construit qui importent.

Mais souvent, la zone où je me suis rendue (mon corps et mon voyage) et où je voudrais me rendre, n’est pas couverte par Google Earth, ou alors, avec un niveau de granularité bien moindre qu’ailleurs ….

Est-ce cela le bout du monde ? Ne pas exister sur Google Earth ? Ne pas retrouver la piscine de l’hôtel où nous nous sommes aimés ? Ne pas retrouver une piscine de David Hockney ? 

Et pourquoi Google Earth nous offre une vue du ciel, cet infini, cet espace en expansion, le ciel vu de la terre et non plus la terre vue du ciel. L’autre face du miroir, en quelque sorte.

Cette planète nous paraît si ronde & minuscule, tel un nombril, qu’il faut nous offrir une autre perspective, nous délivrer de l’attraction terrestre, nous sauver de notre égocentrisme ?

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Renaissance du désir et du plaisir

Le désir d’écrire est intact en moi. Ecrire est sans doute, l’unique chose qui me procure du plaisir. Je me sens fragile, sensible, au point de penser que je suis à fleur de peau, sans peau, ma chair est à vif. Tout ce qui s’approche, même le souffle doux transportant l’odeur de jasmin, dans ces venelles, m’effleure, me touche, fait que mon cou se relève que je frémis de plaisir ou de douleur. La limite entre les deux est parfois si ténue.

C’est comme si, j’étais nue, mise à nu, pour écrire. Démunie de tout, dans le dépouillement, sans attente, sans espérance, l’écriture relève pour moi d’un chemin solitaire, d’un sentier qui peut bifurquer à tout moment.

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Non, j’ai dégusté les cerises Napoléon jaune pâle et orange ainsi que ces cerises rouge sombre, que j’ai croquées. Leur goût acidulé reste dans la bouche, longtemps, tout comme le goût d’un baiser.

J’ai marché à rebours dans le temps, en buvant le jus d’un citron rapporté d’Italie. Avec de l’eau gazeuse, ce jus a la saveur de l’ailleurs, de la Campanie. Le ciel parisien ne sied pas à ce moment.

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Que j’aimais, en fin d’après midi, vers 17H, une fois que l’ombre avait étendu son territoire, regagner ma chambre, en prenant l’escalier et grimper ses cinq cents marches. La chaleur capturée par les pierres, et la disparition subite du soleil magnifiaient les parfums du jasmin, des figuiers de barbarie, du laurier, des herbes aromatiques. J’adorais voir les coquelicots reprendre vie.

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J’ai aimé trouver mes deux chats lovées l’une contre l’autre. Je caresse mes bleus russes dont le pelage gris bleu, au toucher, est aussi doux que la soie. J’entends les ronronnements qui m’apaisent.

Tous les matins, dès que le soleil se lève, la petite vient me caresser le nez avec sa patte, ses coussinets si doux. Je m’enfonce sous la couette, je sens la grande endormie contre mon corps. La petite devient téméraire et insiste sur ma chevelure. Si je ne bouge toujours pas, la troisième phase est plus sportive : elle saute de ses quatre pattes sur mon corps. Je n’ai plus d’excuse pour être endormie.

C’est une vraie tsarine, me demandant parfois qui est le maître ? Elle réclame des caresses sur les oreilles et soudainement se met sur le dos, pour que je lui gratte le ventre : c’est un rituel du matin.

La grande vient prendre toujours la meilleure place, tout près de moi, lorsque je suis assise ou j’écris. Elle me regarde, me sourit avec ses grands yeux bleus verts, comme la couleur des fonds sous marins en méditerranée, près de la Villa Malaparte.

Elles ont toujours eu raison sur les hommes que je fréquentais. Elles me confiaient leur impression sur leur personne, comme elles pouvaient, en se manifestant. Je tenais compte de leur avis. Elles sont très fines psychologues.

Un homme devait se faire accepter par mes princesses slaves.

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J’ai reçu la carte postale d’Italie, que m’a envoyée ma soeur. Elle me soutient, m’offre son amour, sa tendresse. Je sais que je peux compter sur elle, qu’elle veille sur moi, m’encourage, alors que je suis dans le creux de la vague, en attendant la vague suivante, qui sera montante. Elle est en quelque sorte mon ange gardien. Que ferais-je sans elle ?

J’ai été contente qu’elle remarque mon nouveau parfum et qu’elle me dise qu’il m’allait bien.

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Le soleil se cache, en toute fin d’après midi. J’écoute avec bonheur le cri strident des hirondelles qui fendent l’air comme un sabre trancherait une tête. Leur folle trajectoire dessine des traits lumineux dans le ciel.

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Les sentiers du plaisir, leur dessin, leur longueur, leur sens sont un voyage à part entière, comme un apprentissage. Les sentiers du plaisir requièrent méticulosité, patience, persévérance, imagination. Ce sentier du plaisir est le trait de la vie. Plus le bonheur est présent, plus sa luminosité dégage de l’intensité. C’est ainsi qu’il est d’autant plus repérable sur Google Earth, depuis le ciel.