Contradictions – (1-2)

« Les cheveux bruns comme les blés »

Dans le métro, en allant à la signature d’un livre à St germain des près : Un homme albinos, géant, se tenait près de moi. Il avait la peau blanche, avec des taches de rousseur, des lèvres charnues et bombées, le nez épaté.

Ses cheveux crépus, blonds presque blancs -ce que j’appelle avoir les “cheveux bruns comme les blés”– dépassaient de son bonnet. Il jouait avec une vieille playstation ;

Il était noir et broyait du noir.

Il proférait des insultes en parlant à voix haute, sans économie de mots : « je suis mal, trop serré, il y a trop de monde ».

Et puis, d’un geste brusque, il se penche vers moi en hurlant : « Ce sont les blancs qui sentent mauvais, pas les noirs ». Il est sorti du wagon en courant.

« Un mot »

J’avais acheté ce livre, ce poème, pour son format si délicat, mais surtout pour son titre qui se contredisait : il y avait deux mots et non un.

En fait, j’avais acheté les deux seuls exemplaires disponibles, un pour moi et un pour lui. Je n’avais pas choisi les N° car il s’agissait d’une édition originale, à la numérotation limitée.

Son livre portait le N°6 et le mien le N°9.

Il ne cessait de me dire que je nourrissais son imaginaire érotique  ; cela tombait bien. Ces deux exemplaires, ces deux mots, s’accouplaient parfaitement.